J’ai rencontré Yanna Byls

Le site écrivains-voyageurs.net

Rencontre avec Yanna Byls, l’auteure de « Soleil Citron Vert »

Yanna Byls est comédienne, artiste, auteure, conteuse. Elle vit à Paris. Elle s’intéresse à l’écriture, et se sent une âme « d’écrivaine voyageuse ». Elle a écrit plusieurs textes – on peut en lire des extraits sur son site – et un récit de voyage a été publié chez Livres du Monde. Voyage, écriture… Tous ces mots font partie de notre univers. C’est pour cela que nous l’avons rencontrée.

Qui est Yanna Byls ? Vous dites que vous êtes une « comédienne qui sillonne le monde »…

Je pense plutôt être une artiste qui voyage à travers les mondes et les cultures,  car ce que je vois est relié à l’esthétique et à l’émotion. Cependant je suis faite de mon passé sur les planches.

Je viens de l’univers du théâtre et raconter des histoires est le propre de tout comédien. Surtout  lorsque l’acteur se retrouve aussi auteur, comme dans les arts du clown, du conte, du cabaret, du théâtre de rue, ou de la création contemporaine.  Mon regard sur le monde est profondément imprégné par le théâtre. Partout je vois des situations dramaturgiques, des personnages. C’est mon cadrage, le filtre de mon émotion, mon regard d’artiste. Je n’y pense pas quand j’écris, c’est  inscrit au plus profond de moi.  En voyage, c’est malgré moi qu’une personne rencontrée dans un lieu insolite devient un archétype théâtral. C’est un atout fantastique, et qui définit mon parcours. Parfois j’éclate de rire, lorsque par exemple  sur le sommet d’un volcan millénaire, surgit de nulle part, un vieux chaman au costume tribal, et qui semblait m’attendre justement pour me prodiguer une initiation protectrice. Ou bien, lorsque sur une plage déserte aux teintes solaires, un jeune homme sublime et semi  nu, échoué là par je ne sais quel hasard enchanteur,  vient à ma rencontre pour me parler d’amour.  Un clin d’œil du destin ? Je deviens alors l’héroïne d’une folle épopée mise en scène par quelques fées rieuses. C’est là qu’intervient ma fonction : accueillir et traduire l’extraordinaire. C’est comme si je mettais la vie en scène avec des mots.  Et la vie répond merveilleusement à cette quête…

Vous dîtes que vous vous sentez maintenant une âme d’écrivaine voyageuse… C’est-à-dire ?

J’ai choisi de devenir comédienne, mais c’est l’écriture de voyage qui est réellement venue à moi. J’ai eu des signes  flagrants que l’essence de ma vie se trouvait ailleurs, dans l’écriture nomade à travers le monde. Je devais avoir des prédispositions à l’exaltation et au voyage. C’est comme si je renouais avec mon enfant intérieur, avec mon âme.  Dans la spirale de la vie, j’avais achevé le cycle de la scène pour amorcer celui encore plus spirituel de la narration d’histoires humaines. Je sentais bien que j’avais entre les mains, un don à faire naître, celui des glaner les belles folies des gens. C’est comme si le destin m’avait désigné pour transcrire les merveilles du monde, car c’est exactement là que se situe ma quête : conter la magie de l’existence, la beauté des êtres, les surprises du sort, les paroles des sages ou les mots caressants des amants.  Devenir écrivaine voyageuse signifie pour moi transporter le public dans le lieu intérieur du rêve, et lui rappeler que chacun porte un rêve à l’intérieur du cœur.  Il suffit de le laisser éclore.

 « Ce que réserve le hasard de la route n’a pas de nom. C’est un concert insoupçonné de sensations, de goûts et de couleurs, dont la mélodie puissante résonne en vous. Un écho profond que vous reconnaissez soudain, comme le refrain d’une chanson oubliée. Le vent du voyage est une tornade, une drogue dure, une extase formidable. Il vous fait incarner en un clin d’œil, la célèbre phrase de Saint Exupéry : « Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité ! »              

J’adore narrer des histoires qui semblent improbables, fantastiques, et pourtant vraies. Parfois j’ai l’impression qu’elles me traversent, comme des fulgurances sensibles de l’intime, des couleurs d’un ailleurs surréaliste et alors il me semble avoir rêvé tout cela. C’est quand je les relis que je fais le lien entre le souvenir et les mots du récit.  A Paris, lors des lectures dans des cafés littéraires, j’étais très impressionnée par les comédiennes qui s’emparaient des textes et y ajoutaient leurs notes et émotions personnelles. C’était pour moi un spectacle unique et je me demandais d’où sortaient toutes ces histoires.

 « Les trésors que je déniche à travers un voyage, ne sont pas matériels. Ils brillent comme des lucioles autour d’une rencontre. Seule, l’âme humaine vaut le détour. Un voyage est une quête à l’image de l’existence même. C’est en cela que nous plongeons en nous-mêmes et comprenons qui nous sommes. Le voyage n’a d’autre finalité que d’ouvrir nos portes psychiques, pour comprendre d’où nous venons et sur quels chemins nous marchons. Comme les premières tribus de la terre.  Nous sommes tous en voyage »

Les extraits que vous donner à lire sur votre site sont visiblement d’une écriture très spontanée. Quand et comment écrivez-vous ?

J’écris chaque jour que Dieu fait quand je suis en voyage. La plupart du temps au crépuscule, ou parfois à l’aube. C’est un acte sacré. J’écris à l’intuition. Je m’installe dans un café, j’adore écrire dans les cafés du monde, et laisse venir l’inspiration pour raconter l’histoire de la veille. Il me semble être en lien avec des forces cosmiques, accompagnée par des entités bienfaisantes Le flot jaillit comme une cascade, tandis que moi je suis en larmes, en extase ou épuisée parfois. Cependant au fil de l’encre, l’émotion se laisse dompter comme une bête sauvage, et je parviens à transcrire en forme poétique une aventure inspirante. Je ne pourrais pas prendre uniquement des notes et écrire tout le récit au retour comme font d’autres écrivains -voyageurs. Ce sont les détails qui nourrissent le récit de couleurs chatoyantes, le ciel qui tourne au noir, une lueur étrange dans un regard, la palette inouïe des verts sur un paysage de rizière, l’impression brûlante d’une intuition …Ces richesses de la vie immense, créent l’essence d’un livre, une note, un style. Alors, je m’empresse de les écrire avant qu’elles ne disparaissent avec le vent.  Comme au théâtre, rien n’existe en dehors de l’instant présent. La magie de l’instant est impalpable et vibrante comme le mystère de l’existence. C’est l’invisible que je tente de traduire…

« J’ai toujours cru le réel plus extraordinaire que le fantastique »
« Je pensais que raconter des histoires était la seule occupation convenable pour quelqu’un d’aussi frivole que moi. » Bruce Chatwin.

Puisqu’on parle d’écriture, de livre, de littérature, arrêtons-nous un instant sur vos lectures, vos auteurs préférés. Quels sont vos écrivains ou vos style de livres préférés ? Que lisez-vous en ce moment?

J’aime lire des pièces de théâtre car j’ai passé 15 années de ma vie sur les planches.
En ce moment, je lis Isabelle Eberhardt, qui me fascine par sa sensualité et son lyrisme. Elle était une grande amoureuse de la vie et de l’amour. Ce qui rend  son style vibrant et suave.  Pour tout vous dire, je me suis reconnue à travers elle. Ses récits des déserts sont des odes à l’amour.

Nicolas Bouvier  est mon auteur de voyage préféré.  Sa poésie de l’errance est d’une puissance incroyable.  En peu de mots, il vous fait une peinture aiguisée et sensible de l’âme humaine. Son écriture devient atemporelle et universelle.  Ses mots sonnent comme un talisman en langue inconnue. Et je pourrais les répéter à l’infini comme une prière.

« Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’indifférence de l’âme. »  Nicolas Bouvier

Cet été, j’ai plongé dans la littérature japonaise du célèbre Haruki Murakami. Ses récits, construits comme des scénarii complexes de grands films, sont fascinants. Les histoires aux frontières du réel racontent des voyages intérieurs, et cela ouvre l’esprit à l’imaginaire.

J’adore Claire Castillon, son style est contemporain, décalé, acide, poétique et enfantin à la fois et en plus c’est une amie de cœur.  C’est la seule personne au monde qui me déclare :  » je déteste les voyages ! ». Alors nous éclatons de rire…Son dernier livre, Les cris, sur une rupture amoureuse, est d’une justesse époustouflante et terrible à la fois.

Vous avez publié un premier récit de voyage « Soleil Citron Vert ». Sous titré « récit de voyage du Mexique au Pérou à la rencontre du hasard qui n’existe pas ». Que racontez-vous dans ce récit ?

Depuis quelques temps, j’avais remarqué, que notre pensée façonnait notre existence. Que la lumière et la joie attiraient à elles comme un aimant des choses positives. Que notre vie est une terre fabuleuse à cultiver. Alors, j’ai voyagé dans un élan spirituel, comme une alchimiste qui transforme le plomb en or, me rendant complètement disponible à la magie de l’existence, à ses mystères et à ses cadeaux …

Dans ce récit, je raconte mes aventures extraordinaires au fil de la route, au gré du vent,  sur fond de décors magnifiques. C’est un voyage sensuel et mystique. L’amour se dispute la vedette avec les initiations fortuites, mes rencontres amoureuses le long du chemin sont des sources d’inspiration d’une force inouïe, à l’instar de celles avec des êtres originaux possédant une connaissance particulière du monde, à partager. A travers cette expérience personnelle, je désirai offrir un zeste d’espoir et d’audace à ceux que la peur garde prisonnier.  Je crois avoir réussi mon coup.

La « synchronicité » est un thème philosophique initié par Jung : la Synchronicité ou du hasard qui n’existe pas. En clair, il n’y aurait pas une réalité objective mais une vérité subjective en miroir avec notre état intérieur. Un bon nombre de philosophes et de psychothérapeutes se penchent sur ce sujet. Bien entendu je ne cherchais pas de réponses scientifiques, j’ai voulu partir avec ce postulat en tête, et rencontrer à travers mes pérégrinations, le hasard qui n’existe pas…J’ai marché sur les terres sacrées des Amériques et l’invisible a frappé à ma porte. Pour ces peuples, descendants de puissantes civilisations comme les Mayas, les Incas, les réalités parallèles et phénomènes surnaturels sont une évidence. Henri Gougaud le dit dans Les sept plumes de l’aigle.  Et croyez-moi, sur ma route, j’étais accompagnée d’esprits millénaires…

Cependant, je retrouve aussi une constante, et qui fait profondément partie de moi, c’est le goût des initiations sacrées, des rituels millénaires, des contes et légendes, et des histoires de marabouts ou de chamans. Cela m’excite tant que je deviens une apprentie sorcière. Et par là même j’attire les personnages les plus étranges et les plus surprenants. J’ai même un projet consacré uniquement aux marabouts d’Afrique en regard avec les chamans d’Amérique du Sud.  C’est le voyage suivant. Toujours un train d’avance…

« Yanna est une globe-lover, une love-trotter, une elfe voyageuse. Du Mexique au Pérou, en quête de contes et légendes, de rencontres et d’émotions, de spiritualité et d’amour, elle porte sur le monde un regard ébloui. Son récit nous fait partager ses expériences les plus intimes, les histoires de vie rencontrées, les rites des ancêtres, la magnificence des paysages. Soleil citron vert  est un cocktail d’optimisme et d’anti-morosité ! » Magasine des Globe-trotters mai /juin 2011

Vous venez de faire un autre voyage, avec, je suppose, un autre projet de livre. Pouvez-vous dévoiler quelques informations ?

Voici en exclusivité, la première page de mon récit de voyage d’Asie :

LA FIANCEE DU BOUT DU MONDE 

Prologue

A Paris, je rêvais d’une errance merveilleuse en Asie, et d’écrire un nouveau récit de voyage. J’étais seule, et je ne croyais presque plus à l’amour. Je décidai alors d’axer mon regard sur le thème romantique du mariage, si loin de mes préoccupations. Ce voyage serait une quête fabuleuse de la beauté des rites et des traditions des épousailles au fil du vent, au gré du courant ; un heureux vagabondage sur les routes de l’Asie, à la recherche de noces formidables et de coutumes chargées de spiritualité. Je pensais y rencontrer de la fascination et de la joie, mais je ne me doutais pas que ce parcours artistique agirait sur mon cœur comme un talisman mystérieux et puissant. Malgré mon vague à l’âme, les vibrations de ce recueil m’excitèrent et l’inspiration naquit. Peu avant mon départ j’ai fait la connaissance de Bastien, un jeune homme sublime. Nous avons vécu une idylle romanesque, une passion intense et improbable, et que je croyais éphémère. A l’été, je quittai Paris pour L’inde puis pour l’Asie du Sud-est, pour un périple de neuf mois. Je dis alors adieu à mon tendre ami, en espérant que les astres me le réservent pour mon retour. Mais mon amant n’avait aucune intention de se laisser gouverner par les planètes. Son amour n’avait pas de limite. Un beau jour, il atterrit à Bangkok. Il désirait me rejoindre en voyage et m’épouser selon les modes locales et les rites rencontrés. La fin de la mousson approchait et avec elle la saison des mariages. Quelle formidable coïncidence! Alors nous avons sillonné les sentiers de l’Asie, baignés par une romance brûlante. Dans chaque pays, des cérémonies de mariage nous attendaient, comme un signe favorable, un clin d’œil du destin. Nos folles tribulations nous conduisaient vers l’expression de notre quête, et nous étions invités, comme par enchantement, à d’incroyables célébrations aux couleurs ethniques. Au hasard de l’errance, nous avons vécu des rituels des noces et avons proclamé des vœux selon des coutumes millénaires. Nous avons cheminé à travers ces découvertes initiatiques qui nous invitaient à l’amour profond. Notre épopée créative a pris des allures de lune de miel sous des cieux étoilés, avec des décors spectaculaires en toile de fond. Portée par ce tourbillon de vie, l’écriture de « La fiancée du bout du monde » a jailli comme un torrent. Cette poésie nomade, née du mouvement insolite de la route, a rencontrée, à chaque escale, un éventail inspirant de noces authentiques. Ce livre retrace le périple des mariages rencontrés en chemin et de nos unions en hommage aux peuplades traversées. Le mariage serait-il devenu le symbole de l’unicité des tribus du monde comme une métaphore de l’amour universel ?

Vous avez choisi l’Asie pour ce voyage et pour ce thème. Choisissez-vous les pays en fonction du thème que vous souhaitez aborder ? Ou est-ce l’inverse ? Ou le hasard ? Pourquoi l’Asie pour le mariage ?

Les choix des thèmes et lieux sont en correspondance. C’est en méditation que me viennent les idées, comme des claires voyances sur ce que je dois faire, et dans quel continent. Ce sont des visions précises des terres que j’ai à fouler pour dénicher de singulières histoires.
Lors du premier voyage au long cours, il m’est apparu comme vital de travailler sur la profusion de vie comme une explosion d’amour et de rencontres ; et c’est là qu’est apparue la géante Afrique sous mes yeux, comme une vision magique. Cette terre magnétique nourrie de croyances irrationnelles mêlée à la chaleur et la générosité des peuples, ne pouvait qu’inspirer ma quête.

L’Asie est un continent où règne une forte spiritualité, des sagesses millénaires : une âme et un décor en parfaite adéquation avec ma quête, celle de me marier au monde en hommage à la paix. L’ambiance zen de l’Asie résonne avec le thème abordé dans La Fiancée du bout du monde, le mariage comme symbole d’unicité.  C’est l’unité entre le yin et le yang, l’union des contraires en soi-même, avec l’autre et avec les forces cosmiques de l’univers. C’est aussi le continent idéal pour les célébrations des noces et les incroyables séances photographiques, les plus glamours et théâtrales de la planète.

Bientôt un nouveau livre ?

Oui, il est prêt. Titre : La Fiancée du bout monde. Le fil rouge en est les mariages rencontrés au hasard et mes noces nomades. Cependant l’écriture poétique prend aussi sa source dans le mouvement insolite de la route qui offre des histoires réelles comme extraordinaires. Mes thèmes de prédilection étant le sacré, la rencontre à l’autre, le voyage dans le voyage, les contes et légendes. Mais, il  y aura également d’autres supports média, comme des articles ou des reportages photo pour la presse, une exposition photographique sur les Cérémonies nuptiales. Les extraits du recueil, les images du périple, ainsi que les aventures au jour le jour, sont disponibles sur mon site: www.yannabyls.com. En attendant le livre en librairie.